Thérèse se regardait dans le miroir.
Qui suis-je finalement ? Elle détailla comme elle le faisait de plus en plus souvent les traits de son visage. Un petit visage rond avec au centre un petit nez droit, des sourcils dessinés presque avec perfection. Entre les deux un petit pli presque toujours présent à cause d’un souci constant. Un point de beauté sur la joue gauche à peine visible était le seul défaut réel de ce visage. Des yeux ronds et sombres, entourés de cils sombres, qui laissaient paraître la plus pure innocence. Quant aux lèvres, elles étaient entrouvertes et naturellement rougeâtres à force de mordillements constants. Sa peau était fort pâle, presque trop pour être naturelle. Ses cheveux étaient bruns et parfaitement lisses. Suis-je belle ? Elle n’en était pas si sûre. Ses yeux descendirent vers son corps… Elle eut un petit sourire en tournant sur elle-même. Oui, son corps était beau. Un peu trop mince peut être ?
Mais pourquoi je me fais ça ?! Pourquoi je ne me trouve pas simplement belle sans avoir à détailler chaque partie de mon corps ? Elle serra les dents en passant ses mains dans ses cheveux et ferma un instant les yeux. Tournant la tête, elle sursauta en voyant sa fille aînée debout dans l’embrasure de la porte. Elle lui sourit immédiatement et lui tendit les bras. La petite Katarina, d’abord effrayée par la panique de sa mère, retrouva le sourire et trottina vers elle. Serrant sa fille contre elle, elle l’assit sur ses genoux devant la coiffeuse et commença à brosser les cheveux de sa fille.
- Tu me trouves jolie Maman ? demanda la petite demoiselle.
- Mon ange, tu es ce que Dieu a fait de plus beau sur cette jolie planète ! Avec ton joli petit nez, tes sourcils parfaits, tes jolies joues roses, ton teint tout blanc, ta petite bouche vermeille… Oh ma chérie, tu es parfaite !
La petite éclata de rire. Elle savait que sa maman exagérait mais ça faisait toujours du bien. Elle passa ses bras autour du cou de Thérèse qui la serra fort en riant doucement à son tour. Malgré elle, elle devait s’avouer que c’était bien elle-même qu’elle venait de décrire. Ah les enfants… Que ferait-elle sans eux ? Caressant la joue de la petite, elle l’embrassa sur le nez avant de l’envoyer chercher sa petite sœur pour le déjeuner.
La journée se passa sans plus de mouvements que cela... Et elle se passa bien évidemment, sans même apercevoir le compositeur qui servait d'époux à la jeune femme et de père aux petits anges. A présent, c'était la soirée qui commençait à s'avancer et toujours pas de trace du maître de maison !
L’inquiétude commençait à monter et Thérèse confia ses enfants à la bonne avant d'enfiler sa cape. Grimpant dans un carrosse, elle se dirigea vers l'Opera. Elle retrouva son époux dans son bureau... Il s’entraînait à diriger. Elle essaya de le calmer malgré la première du lendemain mais il s'énerva et lui demanda - lui ordonna plutôt - de rentrer. Au lieu de cela, elle alla se promener dans l'Opera, attendant qu'il termine de paniquer ! Elle s'avançait dans la salle quand elle entendit une musique de flûte, de flûte traversière plus précisément. Elle vit alors un joueur solitaire dans la grande salle. De loin, elle entendit la grande porte d'entrée se fermer et eut un sursaut. Il avait dut croire qu'elle était partie et avait dut quitter les lieux... Il serait bien surpris de ne pas trouver son épouse à la maison ! Mais l'idée même de quelque soupçons qu'il pourrait avoir ne l'effleurait même pas. Elle s'avançait. Lorsque le flûtiste posa son instrument, elle toucha son épaule du bout des doigts, l'effleurant à peine. Il avait l'air tellement malheureux...