Première rencontre [Joseph L]

*Aloysia avait pris sa décision. On dit que la nuit porte conseil, et la jeune femme n’avait pas beaucoup dormi pour réfléchir, réfléchir à sa vie ces dernières semaines. Tout était allé très vite, elle était passé par beaucoup de sentiments différents qu’elle n’avait encore jamais connu ou poussé si loin. Elle n’avait que 17 ans, et elle avait connu une petite gloire éphémère lors d’un concert donné chez la Princesse d’Orange, gloire qu’elle n’aurait sans doute pas connue si Wolfgang Amadeus Mozart n’était pas venu lui donner des cours de chant pour l’aider à s’améliorer. Bien sûr elle était déjà douée et avait déjà beaucoup travaillé sa voix, mais le jeune compositeur lui avait appris à avoir confiance en elle, chose qui lui paraissait auparavant insurmontable. Oui, Aloysia doutait beaucoup d’elle-même, malgré le talent qui était le sien et qui était indéniable. Mais Wolfgang avait reçu une lettre de son père l’intimant d’aller à Paris chercher du travail dans les plus brefs délais, aussi le jeune homme n’avait-il pu faire autrement que de quitter Mannheim avec sa sœur ainée Nannerl, laissant Aloysia à qui il avait juste avant déclaré sa flamme. La jeune fille en était bouleversée, s’était aperçu qu’elle aussi éprouvait des sentiments pour le jeune homme, chose qui ne lui était encore jamais arrivée.

Depuis le départ de Mozart il y avait déjà deux semaines, la belle Aloysia était passée par une première phase de profonde dépression où elle ne quittait plus sa chambre, passait ses journées à pleurer et crier, ne dormait plus, ne mangeait plus, n’avait même plus gout à la musique, c’était dire. Après avoir discuté avec la cadette des sœurs Weber, Sophie, elle s’était sentie mieux et s’était quelque peu calmée. Elle avait repris doucement le chant, travaillant sa voix en douceur avec son ainée Josepha ou son autre petite sœur Constanze lorsqu’elles ne se disputaient pas bien sûr. Mais cette reprise de la « vie normale » n’enlevait pas toute la tristesse que portait encore Aly. Justement, cette tristesse, la jeune fille avait décidé de s’en éloigner, et pour s’en éloigner, il fallait qu’elle se rapproche du jeune homme qui la troublait tant. Aussi avait-elle décidé de partir le retrouver à Paris. Elle ne pouvait se résoudre à attendre indéfiniment sans savoir quand il reviendrait et surtout s’il reviendrait un jour. Malgré ses promesses, des tas de choses pouvaient se passer à Paris.

Ce matin-là, les parents et les sœurs étaient partis au marché, laissant Aloysia seule dans l’auberge. Tous les clients étaient partis à la première heure, et apriori il n’y aurait pas de nouvelle arrivée ce matin, lui avait assuré sa mère Cécilia Weber. Aussi, Aloysia avait elle attendu que toute sa petite famille sorte pour à son tour descendre l’escalier et se diriger vers le salon de musique. Bien qu’elle ne comptait pas sortir, elle s’était faite belle, comme elle aimait à le faire: bien maquillée et coiffée, elle avait arrangée l’une de ses robe de façon à ce qu’elle soit unique chaque jour. Elle avait choisi sa robe violette qu’elle avait décorée de rubans. Elle se plaça devant le clavecin et s’échauffa la voix en pianotant sur les touches et chantant la gamme montante et descendante, chaque fois un peu plus haut. Après divers exercices de ce style, lorsqu’elle jugea sa voix suffisamment chaude, elle décida de chanter un aria que Mozart avait écrit pour elle et qu’ils n’avaient pas eu le temps de travailler ensemble. Il lui avait simplement laissé la partition dans l’espoir de la travailler la fois d’après… c’était sans savoir que son départ serait précipité par son père Léopold. Aloysia chanta donc, avec tout son cœur, comme si Wolfgang l’accompagnait au clavecin, se croyant seule… en fait, quelqu’un venait de rentrer dans la maison presque vide…. *

*Dieu qu'il haïssait les cahots de la route, Joseph Lange était dans ce fiacre depuis plus de trois heures déjà et il commençait à en ressentir les effets, il n'avait jamais vraiment aimé voyager par ce mode de transport, préférant le cheval, il ressentait une plus grande liberté sur le dos d'un cheval qu'enfermé dans une calèche, mais lorsque l'on faisait de grandes distances, il était plus simple de les parcourir ainsi. De toute façon, le véhicule n'allait pas tarder à s'arrêter, la première auberge que le cocher trouvera sur sa route sera la bonne, Joseph avait été clair sur ce point, il ne connaissait pas vraiment la ville dans laquelle il arrivait, mais il espérait pouvoir y pratiquer son art, la peinture. En effet, même si il vivait du métier d'acteur, enfin disons que si il n'avait pas eu l'héritage de ses parents il n'aurait pas pu en vivre mais le fait est qu'il pouvait donc exercer son métier d'acteur et vivre confortablement, ce qui était très rare, il avait aussi comme passion la peinture, et sans vouloir être modeste, il était plutôt doué. Il peignait tout ce qu'il pouvait trouver et bien souvent ses amis étaient ses modèles favoris, mais il aimait aussi faire des natures mortes, comme le paysage qu'il venait d'achever il y a de cela trois jours.*

*Son supplice s'arrêtait enfin, le fiacre venait de s'arrêter devant une auberge qui avait l'air très accueillante. Joseph descendit donc de voiture et prit ses bagages que lui avait descendu le cocher. Il regarda le fiacre s'éloigner puis balaya les environs du regard. Il se décida ensuite à entrer dans l'auberge. Chose curieuse, il n'y avait personne. Mais alors, vraiment personne, il ne semblait pas avoir âme qui vive. Les propriétaires ne semblaient pas être là et il n'y avait pas un seul client. Joseph se demanda un instant si cette auberge n'était pas abandonnée, puis il se fustigea mentalement parce qu'étant donné la propreté de l'auberge elle n'avait rien d'un lieu à l'abandon. Un bruit de musique se fit entendre. Il tendit l'oreille pour mieux écouter et une voix mélodieuse s'ajouta à la musique.*

*Joseph voulu absolument connaître le visage qui correspondait à cette voix enchanteresse, il se fia donc à son audition et se dirigea au son de la voix. Parvenu à ce qui devait être le salon de musique, il resta dans l'encadrement de la porte et écouta religieusement la chanteuse qui, pour l'heure était dos à lui. Lorsqu'elle eut fini de chanter, il ne pu s'empêcher d'applaudir.*

- Pardonnez-moi Madame, je ne voulais pas vous effrayer, je m'appelle Joseph Lange et je cherchais une chambre pour quelques jours lorsque, entrant dans cette auberge je fus attiré par votre voix et je n'ai pas pu m'empêcher de vous écouter chanter.

* Aloysia chantait donc l'aria de Mozart, sans savoir qu'elle avait un spectateur, qui se trouvait derrière elle, dans l'encadrement de la porte. A peine eut-elle fini, faisant durer la dernière note jusqu'au bout de son souffle, elle entendit des applaudissement, ce qui la fit sursauter et se retourner vivement afin de voir de qui pouvait provenir ce son. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant un visage d'homme inconnu. Elle poussa un petit cri de surprise et mit sa main devant sa bouche, se sentant un peu sotte et rougissant quelque peu, ce qui n'enlevait en rien la grande beauté qui était la sienne. *

-Ce n'est rien monsieur... j'ai juste été surprise.

* Elle le détailla rapidement, sans trop insister pour ne pas paraitre impolie. Elle réalisa soudain qu'elle était la seule représentante de la famille dans l'auberge. Pourtant sa mère lui avait dit que personne ne viendrait aujourd'hui! Décidément! *

-Oh je vois... C'est que mes parents et mes soeurs sont sortis... Venez avec moi, je vais noter votre nom sur le registre... Combien de temps voulez-vous rester?

*Elle posa sa partition, qu'elle avait gardée en main, sur le clavecin et se dirigea dans la pièce suivante où sa mère rangeait le registre des noms des clients. Elle sortit l'ouvrage et l'ouvrit à la dernière page, puis se saisissant de la plume qui trainait à coté et après l'avoir trempée dans l'encre, elle commença par inscrire la date du jour puis le nom de Joseph Lange. *

-Au fait, je m'appelle Aloysia, Aloysia Weber, lança-t-elle avec un sourire.

*La jeune fille ne put s'empêcher que l'homme était assez chargé.*

-Mon père montera vos bagages dès qu'il rentrera... sauf si vous en avez besoin tout de suite... Venez, je vais vous montrer votre chambre.

* Elle reposa tout ce qu'elle avait en main et se dirigea vers l'escalier en bois qui se trouvait au bout du couloir, en se retournant pour s'assurer qu'elle n'avait pas semé le nouveau client. *

*Lorsque la jeune femme se retourna vers lui, Joseph fut soufflé de voir sa beauté. Il se doutait bien qu'une personne qui avait une telle voix ne pouvait pas être laide, mais là il avait l'impression d'être en face d'un ange. Oui, c'était cela, il se serait cru au paradis, une belle musique et une ravissante jeune femme. Enfin là la musique ne remplissait plus la pièce mais c'était le cas il y a peu de temps. Il lui semblait reconnaître le morceau qu'elle avait joué, mais il n'en était pas certain, comme il ne souhaitait pas commettre d'impair, il préféra demander confirmation. Il inclina doucement la tête et sourit à la jeune femme.*

- Excusez ma curiosité, mais le morceau que vous jouiez était bien de Monsieur Mozart si je ne m'abuse.

*Tout le monde était sorti, voilà qui expliquait pourquoi l'auberge semblait si...déserte.*

- Oh je vois, je vous avoue que j'ai eu peur en entrant, je pensais que l'auberge était à l'abandon puisqu'il n'y avait personne, mais rassurez-vous, après je me suis dis que c'était impossible étant donné la propreté de l'endroit et puis je vous ai entendu jouer et là, j'ai eu la confirmation que cette auberge était bien ouverte.

*Il suivit la jeune femme lorsqu'elle alla vers le registre. Il se plaça en face d'elle et ne pu s'empêcher de balayer la pièce du regard.*

- Oh et bien je pense rester une semaine pour commencer, mais si au cours de mon séjour je souhaite en prolonger la durée, vous pensez que cela sera possible ?

*Puis il reporta son attention sur Aloysia lorsqu'elle se présenta. Il lui sourit*

- Enchanté Mademoiselle Weber

*Oui il était chargé, mais il n'allait pas laisser le père de la jeune femme porter ses bagages, il se sentirait gêné. Il secoua la tête.*

- Oh non mademoiselle, je les porterais moi-même, ils sont assez lourds, je ne voudrais pas que votre père se blesse. Merci. Je vous suis.

*Et ajoutant le geste à la parole il suivit Aloysia devant l'escalier de bois.*

* Aloysia fut plus qu'étonnée que le jeune homme connaisse ce morceau de Mozart alors qu'il l'avait écrit quelques jours avant son départ, et il l'avait écrit pour elle en plus. Comment avait-il pu en avoir connaissance? Son coeur se serra lorsque Joseph évoqua le nom du jeune autrichien. Elle tâcha de lui répondre sans trop bredouillée. *

-Oui en effet... Comment donc avez-vous pu avoir connaissance de cela alors que ce morcceau a été écrit pour moi il y a de cela seulement trois semaines? Se peut-il que vous connaissiez personnellement Wolfgang et que par conséquent son style vous soit familier?

* Elle sentait qu'elle s'emballait, aussi elle baissa les yeux quelques secondes afin de reprendre son souffle et regarda ensuite Joseph dans les yeux, un peu intimidée. *

-Pardonnez-moi, j'ai tendance à trop poser de questions parfois...

* Ainsi donc il souhaitait rester une semaine, voire plus. Que faisait-il dans cette petite ville qu'était Mannheim? Aloysia savait que ses parents étaient toujours ravis que les clients prolongent leur séjour, cela rapportait plus d'argent dans la famille et c'était donc une très bonne chose. *

-Bien entendu vous pourrez prolonger votre séjour autant que vous le souhaitez, cela ne pose aucun souci, lança-t-elle avec un sourire après s'être retournée vers lui dans l'escalier.

* La jeune fille arriva en haut de l'escalier et se retourna à nouveau pour voir si Joseph arrivait à la suivre avec ses encombrantes valises. Le couloir était assez serré. Lorsqu'il arriva devant elle, elle voulut l'aider, le débarasser de quelques affaires. *

-Laissez-moi vous aider tout de même, dit-elle doucement.

*Il était vrai que ses bagages semblaient très lourds. Mais elle n'avait pas envie de passer pour une fille passive et inutile. Pourtant, elle était loin d'apporter grande aide à la maison en général, elle se contentait de chanter à longueur de journée, laissant le plus gros des tâches ménagères à ses soeurs. Elle attrapa tout de même la valise qui lui semblait la moins lourde et la souleva, au prix de grands efforts. Joseph ne semblait pas d'accord, mais Aly lui fit dos avant qu'il n'ait eu le temps de protester. Fort heureusement, la chambre n'était pas loin . *

-Nous y sommes.

*Aloysia déposa la valise de Joseph devant ses pieds et se retourna vers Joseph. *

-Au fait, que venez-vous faire dans notre charmante ville?

* Sans savoir pourquoi, Aloysia se sentait l'envie de discuter avec ce jeune homme.. Il fallait dire qu'elle était restée ces trois dernières semaines enfermée à la maison sans voir personne ou presque et seulement ses soeurs et ses parents, tant elle se sentait mal. Aussi l'excitation de voir une nouvelle tête était assez forte et puis la jeune fille était curieuse. Cela lui sortait Wolfgang de la tête pour au moins quelques instants. *

*Bon, pour ne rien vous cacher, Joseph n'avait encore jamais entendu ce morceau qu'Aloysia venait d'interpréter, mais le jeune homme avait l'oreille musicale et il avait bien remarqué, de part les autres compositions du maestro que le Sieur Mozart avait une "griffe" toute particulière, il avait un style musical qui lui était propre mais il fallait tout de même avoir une certaine expérience de l'écoute de la musique pour pouvoir le déceler.*

- Et bien Mademoiselle, pour être franc je n'ai jamais entendu le morceau que vous avez interprété et j'ai le regret de ne pas connaître personnellement Monsieur Mozart, toutefois, j'ai eu l'insigne honneur de l'écouter jouer à diverses reprises et, sans vouloir être trop présomptueux, j'ai toujours eu une assez bonne oreille musicale, si bien que je reconnais son style assez aisément.

*Il la trouvait réellement adorable, lorsqu'elle baissa les yeux s'étant un peu trop enmporté dans son flot de questions, Joseph avait l'impression de voir une petite fille pris en faute, il trouvait cela très mignon. Il lui sourit.*

- Ne vous excusez-pas pour si peu, si je n'avais pas voulu y répondre, je ne l'aurais pas fait.

*Ensuite il sut qu'il pourrait prolonger son séjour aussi longtemps qu'il le voudrait. Tant mieux, c'était exactement ce qu'il voulait entendre. Un sourire franc apparu sur son visage.*

- Formidable, voilà une excellente nouvelle.

*Arrivé en haut des escaliers, la jeune femme voulu l'aider, Joseph allait répondre que non, que c'était inutile, mais Aloysia s'empara d'une valise sans qu'il n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit. Il la suivit donc mais se sentait un peu gêné, il avait refusé que le père de la jeuen femme prenne ses bagages, ce n'était pas pour qu'Aloysia prenne le risque de se casser quelque chose. Ils arrivèrent enfin devant la porte de la chambre.*

- Merci beaucoup.

*Joseph l'ouvrit et y promena son regard puis il se tourna vers Aloysia pour lui parler.*

- Venez, nous serons plus à l'aise à l'intérieur pour discuter et puis cela me permettra de défaire mes bagages en même temps.

*Il entra dans la pièce et laissa la porte ouverte pour que la jeune femme rentre. Tout en parlant il vidait sa valise et rangeait ses affaires dans les tiroirs.*

- Et bien pour tout vous dire, si je suis venu ici c'est parce que je suis à la recherche de nouveaux modèles. Oui je suis un peintre, enfin disons que je fais cela pour me divertir. Je fais un peu de tout, des paysages, des portraits... d'ailleurs ces derniers sont ce que je préfère faire. Voyez, voici le dernier que j'ai fait.

*Il sorti un tableau d'une de ses malles et le montra à la jeune femme dans l'attente de son jugement.*

Spoiler:

- C'était une amie à mes parents, malheureusement elle est décédée il y a quelques jours avec son enfant... c'est le dernier souvenir que j'ai d'eux.

* Aloysia sourit, contente de voir que le talent de Wolfgang était connu déjà fort bien. Il le méritait. Et ainsi, Joseph avait l'oreille musicale. Voilà qui était intéressant.*

-Je vois. Si vous aimez la musique, je pourrai demander à mes soeurs de jouer, elles sont meilleures que moi au clavecin. Surtout Constanze, mais ne le lui dites pas trop... Quant à ma plus jeune soeur Sophie, elle débute mais est déjà très douée, ajouta-t-elle avec un sourire. Ma soeur ainée Josepha est comme moi, elle chante.

* La jeune fille laissa le nouveau client entrer dans sa chambre et le suivit suite à son invitation. Elle le regarda défaire ses bagages et commencer à ranger ses affaires. Instinctivement, elle s'assit sur le lit. Elle ne faisait jamais cela d'habitude, rester avec les clients. Cela aurait pu être mal vu voire même dangereux. Mais Joseph lui inspirait confiance, et Aly avait besoin de retrouver une certaine complicité avec un autre être humain que ses soeurs. Le choc psychologique qu'elle avait subit au départ de Wolfgang l'avait rendue tellement triste et déprimée qu'elle n'avait plus voulu voir personne. A présent, elle ressentait le besoin de reprendre gout à la vie.
Le jeune homme lui expliqua qu'il était à la recherche de modeles. Un peintre, voilà qui était intéressant. Cela lui fit penser qu'elle n'avait encore jamais posé. Joseph lui sortit sa dernière oeuvre, et aloysia fut bluffer par un tel talent. Elle en resta bouche bée quelques instants, émue d'apprendre que la pauvre jeune femme était décédée avec son enfant.*

-Votre peinteure est... absolument magnifique... j'en reste sans voix! La pauvre amie de vos parents oh... toutes mes condoléances monsieur Lange...

*Aloysia était très sensible, d'autant plus ces derniers temps, et l'annonce de cette terrible nouvelle lui fit monter les larmes. Elle s'empressa de pencher sa tête en arrière afin que celles-ci ne coulent pas*

-Veuillez m'excuser...

- Je serais enchanté de pouvoir me rendre compte du talent de vos soeurs, il semblerait que les muses ont été favorables avec votre famille.

*Joseph rangeait donc ses affaires, il ne pensait pas avoir emmené tant de choses, mais en même temps, malgré la situation aisé de sa famille, il vivait sur les routes, il ne pouvait jamais rester en place, il fallait toujours qu'il voyage. Si il était si remuant c'est parce qu'il n'avait aucune raison de se fixer quelque part, il n'avait pas de femme, le jour où il en trouvera une, cela sera différent, il aura une excellente raison de se fixer dans une ville et de fonder une famille, mais d'ici là, il voyagera. Il regarda la jeune femme et lui sourit.*

- Je vous remercie Mademoiselle Weber, pour vos compliments et vos condoléances, cela me touche beaucoup.

*Il remarqua que Aloysia avait les larmes aux yeux. Il vint s'asseoir à côté d'elle et lui tendit un mouchoir brodé blanc.*

- Oh je suis confus, je ne voulais pas vous faire pleurer, pardonnez-moi.

*Une idée lui vint en tête, mais pour cela il faudrait que la jeune femme accepte. Après tout il était à la recherche de modèle et quoi de mieux que cette belle jeune femme à côté de lui en tant que tel ?*

- Il me vient une idée, évidemment il faudrait que vous soyez d'accord, mais, j'aimerais beaucoup faire un portrait de vous. Accepteriez-vous de me servir de modèle mademoiselle ?

* La jeune fille fut touchée de voir la sollicitude et la gentillesse dans le regard de Joseph qui était venu s'asseoir près d'elle pour lui donner un mouchoir alors qu'il avait remarqué qu'elle était sur le point de pleurer. Aly prit délicatement le mouchoir des mains de Joseph et le porta à ses yeux. *

-Non, c'est moi qui vous demande pardon, je suis trop sensible parfois. Mais je vous en prie, vous pouvez m'appeler Aloysia, ajouta-t-elle avec un petit sourire.

* Elle lui tendit doucement le mouchoir après avoir essuyé ses quelques larmes. L'idée que venait d'avoir le peintre plut énormément à Aloysia qui sentit tout à coup une excitation nouvelle l'envahir. Poser pour un portrait, voilà queque chose qu'elle n'avait encore jamais fait mais qui la tentait bien. *

-Oh Mr Lange, en voilà une idée merveilleuse! Je serai ravie et honorée de poser pour vous.

*Cela lui ferait une occupation et lui permettrait de ne pas broyer du noir.*

-Quand souhaitez-vous commencer? Que dois-je porter?

* Ah oui, la tenue vestimentaire était quelque chose de très important pour la jeune fille qui voulait toujours paraitre sous son meilleur jour, même si ces derniers temps elle n'avait eu que peu d'attention pour son apparence. Ses parents ne disposaient que de peu de moyens, maus Aloysia et ses soeurs, mais surtout Aloysia, faisait en sorte qu'une robe puisse donner l'illusion qu'elle en avait porté plusieurs, en changeant simplement un détail, les rubans, ajoutant des fleurs ou d'autres fantaisies. *

-Je n'ai jamais posé, j'espère que cela ne posera pas de problème?

*Joseph regarda la jeune femme sécher ses larmes, dans ce geste si simple en apparence, elle mettait tant de grâce que le jeune homme en fut profondément touché. Il récupéra le mouchoir lorsqu'elle le lui rendit puis il le remit dans sa poche. Il regarda Aloysia en souriant.*

- D'accord Aloysia, je le ferais si vous m'appelez Joseph.

*L'artiste fut heureux que la jeune femme accepte de poser pour lui, il voulait en faire son portrait pour pouvoir le fixer dans son esprit et ainsi avoir toujours l'image de la jeune femme devant les yeux, même s'il savait pertinemment qu'il n'avait pas besoin de la peindre pour cela.*

- C'est moi qui en serait honoré Aloysia, il est rare que je peigne de si charmants modèles.

*Il eut un sourire attendrit devant l'excitation de la jeune femme. Il réfléchit quelques instants... voyons quelle tenue pourrait-elle porter ? Peu importait finalement puisqu'elle devait être ravissante dans n'importe laquelle de ses robes.*

- Et bien nous pourrions commencer demain après-midi et pour votre tenue, mettez celle dans laquelle vous vous sentez le plus à l'aise, il faut penser avant tout à votre confort et je suis certain que peu importe la tenue que vous aurez, vous serez charmante.

*Il rangea le tableau de l'amie de ses parents dans ses bagages puis entassa toutes ses valises à présent vides dans l'armoire de la chambre ensuite il se tourna vers Aloysia en souriant.*

- Non, ne vous en faites pas ce n'est pas grave si vous n'avez jamais posé, d'ailleurs je suis fier d'être le premier artiste à réaliser un tableau de vous.

-C'est d'accord Joseph, avait répondu Aloysia avec un petit sourire à peine timide.

* La jeune fille rougit quelque peu lorsque le peintre l'avait qualifiée de charmante. Elle se savait séduisante du haut de ses 17 printemps, mais un compliment faisait toujours plaisir à entendre. *

-Vous me flattez Joseph, je suis certaine de beaucoup de très belles femmes ont posé pour vous.

* Aloysia réfléchissait donc à quelle tenue elle pourrait porter pour être assez jolie en peinture. Le choix était limité car ses parents ne roulaient pas sur l'or, mais elle s'arrangeait toujours pour agrémenter ses quelques robes de manière différente à chaque fois afin de donner l'illusion d'en avoir une nouvelle chaque jour. Elle souhaitait d'ailleurs réussir dans la vie afin de pouvoir s'acheter autant de robes qu'elle le souhaitait et pouvoir se parer au mieux. *

-Soit, vous en aurez la surprise demain, j'ai déjà une petite idée.

*Contente à la perspective de cette novueauté, Aloysia sourait, pour la première fois depuis longtemps. Enfin quelque chose qui égaierait ses tristes journées, à part l'idée de son voyage à Paris dans le but de retrouver Wolfgang. Elle nourrissait cette idée depuis quelques jours et cherchait le moment adequat pour en toucher deux mots à ses parents au moment opportun pour qu'ils acceptent cette folle demande.*

-Tout de même, c'est assez drôle que nous nous soyions rencontrés, vous êtes artiste, et moi aussi. Vous peignez et jouez, et je chante.

*La jeune fille le regardait, admirative des talents que devaient avoir Joseph. Pratiquer deux arts, et bien sans doute, n'était pas une mince affaire. Pour sa part, Aloysia n'avait que sa voix, elle était bien moins douée en musique que ses soeurs Constanze et Sophie.*

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